Journal de Cyp



Voilá, c´est fait : j´affiche enfin ma tronche sur un blog, moi qui avait tant boudé fesse-de-bouc, bien que je m´y soit toujours point résolu... Pourquoi donc ? Hé bien parceque le voyage m´y pousse, l´envie d´écrire et aussi d´écrire pour mes amis qui auraient peut-etre parfois envie d´avoir des nouvelles... Car etre seul devant un écran est devenu depuis peu un lien social, qui rend moins...heu...seul.

Histoire de donner une vague explication aux esprits curieux, cela faisait bien longtemps que je désirais partir loin du continent européen, découvrir d´autres gens, d´autres fačons de penser, d´autres payasges,... Si j´en ai plusieurs fois eu l´occasion, la peur de la débrouille m´avait honteusement retenu. Mais toute chose á ses limites. Et cette fois, je m´étais mis une limite á laquelle j´étais bien décidé á me soumettre. Car tout simplement l´envie était devenue un besoin. besoin de quitter l´Europe et tous les paradigmes et modes de vie qui vont avec. 

Toutefois, entre temps je n´ai cessé de me radicaliser d´un point de vue écologique et éthique, et depuis mon dernier vol en avion vers la Roumanie, je me suis promis á moi-měme de ne plus emprunter ce merveilleux engin pollueur. D´un coté la contrainte était lourde, mais de l´autre, elle me semblait plus humaine. J´ai d´abord pensé au bateau avant de me dire que ce transport était beaucoup trop honnéreux et exigent. C´est lá que j´ai regardé mon vélo et me suis dit que c´est avec lui que je devais partir. Lui qui me transportait sagement d´un bout á l´autre de Bruxelles, pourquoi pas au bout du monde ? 

Partir, ča fait rever, mais quitter les gens et les projets qui nous sont chers, c´est hautement plus ardu. Mais l´heure était venue, mon vélo ne cessait de me demander de partir. J´ai bein failli ne pas l´écouter afin de pouvoir partir avec mon amoureuse. C´est dans cette phase décisionnelle fragile que j´ai croisé un sympathique gaillard qui revenait du Sénégal á vélo. Signe ou pas, le mal était fait, la flamme s´était ralumée. Moi qui ressentait déjá l´appel de l´Afrique...

Partir seul ou accompagné, cela était encore vague, mais une seule chose était sure, je partais vers l´Afrique á vélo, pour une période indéfinie. C´est alors que j´en parla á mon ami Javier qui me proposa spontanément de m´accompagner. Comment aurais-je pu refuser ? Ne courent pas les rues les fous qui vont en Afrique á vélo. Trois mois plus tard, nous voilá ´On the road´. Mais pas encore Afrique... 

Les deux premiers mois sur la route se sont vites écoulés et avec beaucoup de bonheur. Bouger en permanence est une chose grisante pour qui a envie de changement et surtout de voyage. Car à mes yeux, c´est ça le véritable voyage, c´est d´abord le fait de bouger plutôt que télétransporter ses fesses dans un hôtel à l´autre bout du monde. Et quelle sensation que celle de voyager en vélo ! Bien que soumis à la gravité, j´ai souvent l´impression de voler,opérant ma migration comme le font les oiseaux. 

Pour ce qui est du reste et de la suite, je vous invite à lire les récits du voyages ainsi que les bilans, comme celui ci-dessous...


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Bilan de la partie européenne


La première partie du voyage touchant à sa fin, voici un petit bilan géneral


Côté chocs culturels

Jusqu´ici, France ou Espagne, ça reste bel et bien l´Europe. J´imagine que je serai légèrement plus bavard une fois la traversée réalisée… Toutefois, si la France m´est presqu´aussi étrangère que la Belgique, l´Espagne l´est pour moi d´avantage. Premièrement, parce que je n´avais jamais mis les pieds au pays de la païla (j´évite de mettre les pieds dans le plat) et deuxièmement car « No abla espagnol » comme on dit dans ces cas là… J´avoue avoir été tranquille de ce côté, ayant eu la bonne idée de voyager avec un demi espagnol. Ce dernier étant causant de nature, cela faisait deux pierres deux couilles, car me voici d´une part épargné de parler cette langue chantante et d´autre part ça me fait une petite pause sociale, car même en français, je me sens bizarrement un peu fatigué de parler pour dire souvent la même chose… Donc l´Espagne m´aura d´avantage fait parler anglais et côté exotisme, et bien je ne suis pas mécontent d´être devant un écran d´ordinateur à Sévilla, car cette ville semble vraiment magnifique d´après google map – HAO*  Au départ d´un sol fait de mosaïques carrelées, les palmiers chatouillent le ciel, les orangers surplombent nos têtes et l´obésité affecte quelques arbres. Ces senteurs d´Afrique sembleraient encore plus authentiques si la ville n´était point criblée de belges. Et me permettant de citer Monsieur Fonk « C´est une ville à la costa d´el sol où il y a plus de belge que d´espagnol »  - Torremolinos – Manniken Piss Not War

*« Hilarant à outrance » pour les ignorants du langage jeune sur la toile


Côté voyage

Tant que nous sommes dans la sphère de la citation, celle de Desireless illustre à merveille ce point « Voyage, Voyage, plus loin que la nuit et le jour ». Pourquoi chercher à mieux exprimer nos sentiments lorsque d´autres l´expriment si finement. Merci Desireless.


Côté navigation

Hé bien figurez-vous que le pays le plus ardu pour s´orienter fut moins le pays des Torreros que celui de l´accordéon. Et pour cause, là où la France offre environs 153 possibilités pour se rendre d´un point A à un point B, l´Espagne en offre qu´une ou deux. La signalisation n´est guère chose constante dans le pays des vignobles, d´autant que chaque village perturbe fortement l´orientation. En revanche, le pays du flamenco regorgent de nationales désertes puisqu´elles longent l´autoroute gratuite. Ainsi nous fîmes près de 600 bornes sur la dénommée N 630 que nous quittons avec amertumes à Seville.

Coté voiture

Ah ces merveilleuses voitures… bien quelles soient hautement préférables à ces camions qui nous glacent le dos de leurs grondements vigoureux… Néanmoins, il y trois catégories d´automobilistes : Ceux qui s´en foutent en silence (heureusement les plus nombreux), Ceux qui klaxonnent d´encouragement (les plus rares et cela exige une connaissance affinée du coup de klaxon….), Ceux qui klaxonnent dénnervement étant convaincu que la route doit être entièrement disponible pour leurs engins à n´importe quelle heure et sur n´importe quelle route tant soit elle désetre (les plus ennervants…)

Côté paysages

Jamais je ne me lasserai des villages français tant empreints de charme. Si les villages espagnols n´ont pas tous cette chance, les montagnes s´avèrent magnifiques lorsqu´elles ne sont point bordées d´usines. Un petit bémol tout de même, c´est qu´en cette saison d´après récolte, elles ne se distinguent guère par leur originalité.
Le plus beau reste à venir…du moins je l´espère.


Côté gens

Le voyage à deux est en soit est assez solitaire. Mais le couchsurfing et le réseau warmshower sont idéaux pour rencontrer des personnes inconnues que l´on a l´impression de connaître dés la première minute. Quel bonheur de ponctuer ce voyage avec ces rencontres. Ces réseaux internet sont à mes yeux ce qui compense la perte d´hospitalité de la culture occidentale. Et d´autre part, c´est un excellent exemple de comment transformer le virtuel en véritables relations humaines.
En dehors de ces rencontres qui exigent toute de même une organisation ainsi qu´une certaine dépendance à Internet (ce que Javier fait très bien), nous avons rencontré certes peu de bikers, mais des bikers quand même. Et ça, ça reste le must des rencontres que l´on peut faire. Hélas, aucun d´entre eux n´allaient se perdre en Afrique.
Sinon, que sera l´Espagne sans ses petits vieux si charmants qui viennent vous causer spontanément en affichant un grand sourire. Les jeunes ont l´air quant à eux moins sympathiques. Mais nous fûmes tout de m^me plusieurs fois victime de la générosité desdits jeunes, ouf.

Côté technique

En dehors des roues de Javier qui lui ont joué deux mauvais tours et en dehors de mes sacoches et du pied qui m´ont lâché et ne qui feront certainement pas tout le voyage, nous sommes satisfait de nos montures. Mon Diogène Terrada n´en finit pas de prouver sa qualité allemande fort appréciable. Et quant au Jean-Edouard de Javier, il a parait-il, toutes les qualités d´une Mercedes, sauf celle d´être allemand. Ceci lui a valu des faiblesses aux rayons de ses roues. mais tout est rentré dans l´ordre.

Côté performances

Nous avons à ce jour 2500 bornes dans les guiboles, le tout en 50 jours. Ce qui nous fait une moyenne de 50 bornes par jours, si l´on compte les jours de pause. Sinon, lorsque nous roulons, nous faisons rarement moins de 70km. L´étape la plus longue fut de 120 km, le record de vitesse fut de 67 km et la moyenne la plus élevé fut de 80km en 3h30 soit plus ou moins 25km/h. Enfin, si ce paragraphe donne une sensation de performances sportives, c´est loin d´être représentatif de l´esprit quotidien qui est d´avantage l´éloge de lenteur que celle de la vitesse. Et si j´aime rouler de bon rythme, je me sens d´un autre monde que ces cyclistes qu´on n´a de cesse de croisser sur des vélos aérodynamiques. La plupart de ces cyclistes semblent économiser leur salive pour un petit bonjour, de peur de perdre 1 ou 2 secondes de leur course contre le rien. Enfin, comme le dit si bien le philosophe punk Didier Super, il y en a des bien !

Côté équipée


J´ai connu Javier à l´école supérieure du temps où il s´appelait encore FX. On se connait suffisament que pour ne pas être surpris par le caractère de l´autre. L´équipe est donc assez solide et les tranches d´humour sont nombreuses. Evidemment, le quotidien est parfois rythmé d´irritations, mais heureusement vite oubliées. Des différences de tempérament apparaissent surtout le matin lorsque nous préparons nos sacs respectifs car de mon côté je me retrouve systématiquement à attendre que sa restructuration méthodique permanente porte ses fruits. Sur la route également, je l´attend régulièrement mais cela m´indifère. Donc, dans l´emsemble le binôme fonctionne bien, et nombreux sont les délires...

Côté humour et autres joyeuseries

Ce chapitre aura probablement sa propre page d´ici peu. Mais en attendant voici une vidéo que j´ai réalisé dans un moment historique. Si cette vidéo n´élèvera certainement pas votre conscience à un niveau supérieur, elle réussira au mieux à vous décrocher un petit rictus sans quoi vous auriez enfin dépassé le stade anal qui généralement persiste jusqu´à l´age adulte...
De plus, ce moment historique et intime est généreusement sponsorisé par les planches Blütcher puisque la demande fut faite sur ce blog...

Le bronze du 11/2011





"Blütcher, autre chose que des planches de chiotte !"
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